La 1ère Guerre Mondiale : l'expérience combattante

Publié le par mathieu

1- Etude : la bataille de Vimy

La leçon commence avec l’étude du tableau de Jack Richard :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_cr%C3%AAte_de_Vimy#mediaviewer/File:The_Battle_of_Vimy_Ridge.jpg

1 : Pourquoi des Canadiens participent-ils à une bataille de la 1ère Guerre Mondiale, dans le Nord de la France ?

On rappelle les camps en présence, les deux systèmes d’alliance. Le Canada est un « dominion » de l’Empire britannique, la déclaration de guerre à l’Allemagne fait entrer de facto la colonie en guerre, le gouvernement canadien ne décidant que de l’ampleur de l’effort à accomplir ; au début du conflit, unioniste et libéraux (favorables à une plus grande autonomie) répondent très favorablement à l’appel de Londres et des milliers de volontaires s’enrôlent dans le corps expéditionnaire canadien. Celui-ci combat avec l’armée britannique sur la partie ouest du front occidental, les français tenant le front de Champagne. En 1917, les quatre divisions canadiennes sont côte à côte devant Vimy sous un commandement britannique (Byng) et participent à une offensive générale : les canadiens attaquent en Vimy, les anglais à Arras et en Artois, les français en Champagne (le Chemins de Dames) ; les russes donneront leur dernière offensive en juin 1917.

Le tableau montre en arrière-plan la crête de Vimy, haute de 145 mètres, et tenue par les allemands depuis 1914 à l’époque où le front s’est stabilisé. En 1917, 200 000 soldats sont déjà morts dans le secteur, notamment des spahis marocains. L’aspect désolé du paysage témoigne de la violence des combats.

La position est stratégique, elle domine Arras (soumise aux bombardements allemands) et les positions alliées. Derrière elle, Lens, Douai et le bassin minier sont aux mains des allemands.

2 : Que met en valeur la peinture en son centre ?

L’artiste a fait le choix de représenter la bataille du point de vue d’une position d’artillerie, en retrait par rapport aux combats d’hommes à hommes sur le no man’s land. La pièce d’artillerie est le véritable héros du tableau, en position centrale, un soldat torse nu (en avril, il gèle mais la pièce dégage beaucoup de chaleur) la dessert.

Ce choix correspond à une des réalités de la 1ère Guerre Mondiale : l’artillerie est devenue la clé des combats. Le canon de 18 livres ici représenté, est le plus utilisé par les troupes du Commonwealth durant la guerre : plus de 100 000 pièces tireront 100 millions d’obus, soit 43 obus/minute durant toute la durée du conflit. Les ¾ des morts de la guerre meurent de blessures d’obus et elle génère un stress important chez les combattants.

A l’échelle individuelle, cette nouvelle place de l’artillerie (du feu) change l’éthos du combat : le combattant n’est plus un combattant qui présente son corps debout à l’adversaire et qui recherche l’affrontement ; il est désormais un combattant couché, qui se protège dans les tranchées, qui se camoufle et qui progresse en rampant, courbé vers la ligne ennemie soumis au hasard des tirs de mitrailleuses et des explosions. Toute la question devient celle de savoir comment tenir dans ces conditions.

A l’échelle globale, cette nouvelle place, explique aussi l’immobilisation rapide du front et l’impossibilité pour les deux armées ennemies qui disposent d’une puissance de feu équivalente de le percer. La guerre devient une guerre d’usure.

L’héroïsation de l’artillerie et de ses combattants est paradoxale : on reprend les codes anciens de la peinture héroïque alors que les combats ne le sont plus.

3 : Comment le champ de bataille est-il mis en scène ?

Le combat au corps à corps, la mort, la violence brute sont évacués… les deux soldats blessés rappellent ces éléments mais sous un mode mineur.

Le tableau montre un champ de bataille maîtrisé : les tirs d’artillerie sont contrôlés par un officier et chronométrés (le roulement du feu est planifié pour s’accorder à la progression des troupes), les réseaux de galeries et de tunnels doivent permettre une progression à couvert, des avions repèrent les cibles à détruire et prennent le contrôle du ciel.

La bataille de Vimy est un succès puisque les canadiens parviennent à s’emparer de la crête. L’état-major a tiré les leçons des offensives avortées et désastreuses de la Somme en 1916 où les vagues d’infanterie avaient été littéralement décimés par la défense allemande. L’état-major a procédé à une reconnaissance précise des lignes ennemies, chaque unité connaît ses objectifs et ce qui l’attend. La technique (photographie, obus qui détruisent les barbelés, les blindés (8 à Vimy) ou les avions) a pris en compte les impasses de la guerre de position ainsi que les techniques d’encadrement des hommes (des petites unités plus autonomes). Le succès canadien est de ce point de vue un tournant.

Le peintre fait donc le choix de montrer une victoire et les conditions de la victoire. La peinture est une peinture de propagande, c’est de l’art officiel. D’autres peintres ont montré d’autres réalités de la guerre.

4 : Quels sont les enjeux symboliques autour de la bataille de Vimy ?

Le tableau de Jack Richard se situe clairement dans une logique militariste et héroïque.

On peut rappeler le contexte des sociétés en guerre : une véritable culture de guerre est mise en œuvre avec une propagande qui invite au sacrifice et à la haine de l’ennemi. Le succès de Vimy est important dans la poursuite de l’engagement canadien car en 1917 des oppositions à la guerre se développent, une lassitude se développe devant l’ampleur des sacrifices (66 000 morts sur 600 000 engagés). Le gouvernement impose la conscription obligatoire. Malgré les oppositions, il gagne les élections fin 1917 en donnant par ailleurs le droit de vote aux femmes, mères et épouses de soldats ou infirmières. Cette crise se produit chez tous les belligérants : en 1917, des mutineries se développent dans les armées françaises après l’échec de l’offensive Nivelles, les troupes russes désertent massivement et se joignent au mot d’ordre bolchévique contre « la guerre impérialiste ».

La bataille de Vimy consacre aussi les choix politiques du dominion : ses troupes gagent la considération des Alliés, le Canada sera présent aux négociations du Traité de Versailles. Il confirme sa capacité à gérer ses affaires militaires autonomes puisque les 4 divisions passeront sous un commandement canadien. En 1931, après la négociation du Statut de Westminster, sa souveraineté est reconnue.

Le 3ème enjeu symbolique concerne le mémorial. Cet enjeu est décalé dans le temps puisque le mémorial n’est inauguré qu’en 1936 et de ce point de vue, le mémorial raconte plutôt comment une société sort de la guerre : les morts ne doivent pas être oubliés et leur sacrifice doit être porteur de sens. L’inspiration chrétienne est évidente, le patriotisme, les valeurs démocratiques (et l’union de deux nations démocratiques) sont enrôlés non plus dans une mobilisation guerrière mais au service d’idéaux de paix et de justice. Le pacifisme devient une valeur des sociétés nées de la 1ère Guerre Mondiale.

Cette sortie de la culture de guerre n’a pas été partout aussi facile comme en témoigne le nazisme qui s’est réapproprié « l’esprit combattant » pour justifier son action. Cependant, Hitler, caporal en Artois, ne fait pas détruire le mémorial et s’y fait photographier pour démentir les rumeurs de projet de destruction.

Conclusion : la bataille de Vimy est révélatrice de logiques de radicalisation du conflit.

2 : La 1ère Guerre Mondiale, un conflit de type nouveau

La première guerre mondiale change le modèle « classique » de la guerre à tous les niveaux.

2.1 : l’expérience des combattants

C’est la guerre des soldats « couchés ».

Voir article sur le blog de l’historien Audouin Rouzeau.

2.2 : la guerre, une expérience totale

La guerre s’installe dans la durée et modifie toutes les relations sociales.

schéma réalisé en classe.

Conclusion : toutes ces transformations sont rendues possibles par une transformation de l’Etat qui s’approprie de nouvelles missions dans l’organisation et le financement de l’économie ou le contrôle de l’opinion. La guerre accentue des tendances qui seront importantes pour tout le 20ème siècle.

2.3 Pourquoi et comment les sociétés européennes ont-elles accepté les logiques de la guerre totale ?

  • Un débat historiographique : guerre subie ou guerre consentie

Voir exposé des deux thèses (documents 1 et 2)

L’acceptation de la guerre : consentement ou contrainte ?

Deux thèses s’affrontent chez les historiens pour expliquer l’acceptation du conflit par les civils et les combattants : la thèse du consentement (l’acceptation serait volontaire) et la thèse de la contrainte (l’acceptation serait forcée).

Document 1.

La vraie question, et la plus perturbante pour nous, n’est finalement pas de savoir pourquoi et comment on s’est rebellé contre cette guerre, mais pourquoi, dans l’immense majorité des cas, on a voulu continuer à la faire. Le drame de la guerre, et une des clés de sa durée, c’est donc l’investissement des hommes de 1914-1918 sur leur nation, sans lequel on ne peut expliquer le courage, l’esprit de sacrifice, le sens du devoir (pour reprendre un mot omniprésent dans toutes les correspondances) des combattants. C’est leur sentiment, si fortement intériorisé, qu’ils avaient à défendre leur sol, quel qu’en soit le coût. Car le conflit fut de nature fondamentalement défensive pour tous les protagonistes sans exceptions. […]

Répétons-le : un des aspects les plus tragiques de la guerre de 1914-1918, ce fut, finalement, et que cela plaise ou non, le consentement de ceux qui y ont pris part.

Annette Becker, Stéphane Audoin-Rouzeau, « La culture de guerre »,

in Pour une histoire culturelle, le Seuil, 1997.

Document 2.

De très nombreux témoignages du temps de guerre contredisent la thèse du consentement. Ce n’est donc pas la thèse du consentement de millions d’Européens et d’occidentaux entre 1914 et 1918 qu’il faut poser ; c’est celle de leur obéissance. […]

L’éducation et l’instruction ne fondent pas seulement des patriotes ; elles fondent aussi des patriotes obéissants. Qu’il soit issu des campagnes ou des cités ouvrières, tout soldat a intériorisé au plus profond de lui cette culture de l’obéissance. Dans la vie de la plupart des hommes, après le père, le maître, le contremaître, le patron, le prêtre, l’instituteur, surgissent le sous-officier et l’officier.[…]

Car si les hommes ont tenu […] c’est avant tout parce que le plus souvent ils n’eurent pas le choix.

Rémi Cazals, Frédéric Rousseau, 14-18, le cri d’une génération, Privat, 2001

- thèse d’une guerre subie : le poids de l’appareil répressif.

Longtemps, la guerre a été décrite comme une guerre subie par la troupe, obligée d’obéir à un commandement incompétent ou méprisant et qui l’a menée à de véritables boucheries. C’est le thème de la guerre inutile que l’on trouve exposé dans la « Chanson de Craone » par exemple. Ce thème deviendra important après la guerre, dans les années 30 au moment où la société française s’interroge sur la portée réelle de sa victoire et de son sacrifice mais il n’est pas sûr qu’il ait été dominant pendant la guerre.

Les travaux d’historiens montrent que les réactions de refus complet (propagande pacifiste, désertions, « objection de conscience ») ont cependant été rares. L’attitude qui a prévalu est celle de l’obéissance à l’autorité dans une société marquée par un sens aigu de la discipline et de la hiérarchie. La modernité de ce début de 20ème siècle a en effet ajouté aux encadrements traditionnels (religion, famille) de nouveaux encadrements très forts (l’usine) notamment autour de l’Etat (l’école, le service militaire), ce qu’on appelle la nationalisation des masses. Toutes les forces politiques, dans un réflexe d’union sacrée, acceptent la guerre à l’exception très minoritaire jusque 1916 de certains courants socialistes mais pas tous.

Les refus collectifs de faire la guerre sont donc très rares et doivent être expliqués dans des contextes particuliers.

Prenons l’exemple des fraternisations de Noël 1914 et des mutineries de 1917 dans l’armée française. Ces événements ne doivent pas être interprétés comme une désobéissance pacifiste : les soldats se sentaient encore investis de la nécessité de « tenir » le front et ce sont surtout les offensives suicidaires qui ont été dénoncées.

De manière générale, la répression s’estompe et l’état-major sera plus attentif aux conditions de vie du « poilu », lors des mutineries de 1917, les cours martiales ne prononceront et n’exécuteront « qu’ »une cinquantaine de mutins.

La politisation des refus a été rare et concerne la fin du conflit dans des situations d’effondrement complet du front mais aussi de l’arrière (Russie, 1917 ; Allemagne, 1918, Italie après Caporetto). L’autorité traditionnelle s’effondre alors aussi et cela ouvre la voie aux messages révolutionnaires. En Russie, les bolchéviks de Lénine défendent l’idée du « défaitisme révolutionnaire » de manière marginale jusqu’en 1917 mais, après l’échec des offensives de l’été 1917, leur message trouve un écho auprès de soldats qui ne veulent plus combattre et désertent en masse, fusillant parfois leurs officiers, c’est le « bolchévisme des tranchées ». Ce contexte insurrectionnel permet alors aux bolchéviks de s’emparer du pouvoir dans la capitale à l’aide de leur milice.

- thèse d’une guerre consentie : adhésion des combattants à la guerre et à sa violence.

La plupart des historiens reconnaissent qu’un patriotisme défensif et une adhésion aux valeurs de justice et de progrès expliquent les motivations « idéologiques » des combattants. Les exactions allemandes en Belgique ont par exemple beaucoup choqué les opinions publiques françaises, britanniques mais aussi canadiennes. La « der des der », c’est la guerre à laquelle on consent une dernière fois pour sauver le pays et imposer la paix à l’ennemi.

D’autres historiens (« l’école de Péronne ») vont plus loin et insistent sur une dimension plus profonde de l’adhésion à la guerre. Ils voient l’émergence d’une véritable « culture de guerre ».

Le rôle de la propagande de guerre est de ce point de vue important : ses messages renforcent des visions racistes du monde (« l’allemand est un barbare » héritier des hordes sauvages du Moyen Age), ils sont simplistes et imbéciles et souvent jugés comme tels mais sa rôle consiste surtout à légitimer la guerre c’est-à-dire le meurtre et le recours à la violence dans les affaires humaines à rebours de tous les processus de civilisation qui cherchaient à pacifier les mœurs.

La guerre, ses conditions inhumaines et ses 11 millions de morts (sur 70 millions de combattants), aurait donc été une expérience de « brutalisation » de toute une génération de combattants qui incorporeront cette culture de guerre dans toute la vie politique et sociale de l’après-guerre.

Cette thèse est loin d’être unanime dans la communauté des historiens car elle ne rend pas compte du sentiment pacifiste qui se développe au cours même de l’expérience combattante et qui se traduit souvent pour une certaine empathie vis-à-vis du soldat ennemi. La brutalisation a pu être réelle pour certains combattants (le caporal Hitler) et elle a pu conduire au fanatisme y compris après la guerre mais elle n’est pas générale.

- une thèse intermédiaire :

La plupart des historiens adoptent des points de vue intermédiaires mais cette querelle historiographique a surtout obligé les historiens à expliquer l’attitude des sociétés européennes vis-à-vis de la guerre autrement que par des mécanismes idéologiques ou philosophiques. La plupart des combattants n’ont pas agi en fonction de grandes théories ou de visions du monde exprimées comme telles et se sont engagés dans une guerre dont ils ne savaient pas ni les formes qu’elle prendrait, ni la durée, ni l’ampleur.

Prenant modèle sur les travaux des anthropologues, les historiens sont attentifs aujourd’hui aux mécanismes discrets, individuels d’adaptation des combattants à la guerre. La question est plus celle du « comment tenir » que du pourquoi.

La mise en place de solidarités très fortes dans le groupe de base, la camaraderie a été une réaction de survie pour les combattants exposés en permanence au danger et aux difficultés matérielles et psychologiques. Cette solidarité explique peut-être autant que celle du patriotisme, les raisons qui ont poussé les combattants à faire ce que l’on attendait d’eux car il s’agissait avant tout de protéger la peau des copains. Les états-majors ont d’ailleurs compris cette évolution et s’appuieront de plus en plus, sur le plan tactique sur ces « groupes primaires » plutôt que sur les manœuvres à grande échelle comme en témoigne, à Vimy, le soin et l’originalité portés à la préparation de l’offensive par les Canadiens.

Le regard des proches restés à l’arrière, la peur du déshonneur comme mort sociale, la volonté de bien faire son travail pour garder l’estime de soi, sont autant de mécanismes qui expliquent que finalement le front mais aussi l’arrière aient tenu.

Exercice noté : que nous disent les monuments aux morts du consentement à la guerre ? Quel sens les sociétés donnent-elles à leur participation à la guerre ?

Conclusion : la 1ère Guerre Mondiale, une guerre totale ?

1 : Les logiques de totalisation sont bien à l’œuvre.

Incontestablement, la 1ère GM a été une guerre totale dans la mesure où elle radicalise, elle accentue les logiques de mobilisation de toute la société et font émerger les Etats comme des acteurs tout puissants de sociétés en profonde mutation.

2 : Peut-on nuancer ce bilan ?

L’expérience de la 1ère GM n’est cependant pas celle de la 2ème et la « totalisation » du conflit n’a évidemment pas pris la même ampleur ni les mêmes conséquences.

  • L’évolution des relations entre l’Etat et la société pendant le conflit

D’abord constatons que seules les sociétés victorieuses ont pu encaisser le choc de cette guerre : la France et le Royaume-Uni ont bénéficié d’une meilleure connexion au monde, plus propice dans la mobilisation de moyens venus de tous les horizons. Mais ce sont aussi des sociétés démocratiques où la société a pu résister à la volonté de contrôle de l’Etat : il y a eu des grèves, le parlement a repris le dessus sur l’armée malgré les répressions et la censure, les Etats-Unis choisissent ce camp aussi en raison de valeurs libérales partagées.

A l’inverse, la « guerre totale » a eu une issue « totale » pour les vaincus, leur modèle plus autoritaire et impérial s’est effondré (Russie, Allemagne, Empire d’Autriche-Hongrie) traduisant une forme de refus de la société devant un engagement jugé trop coûteux. La défaite est celle des armées mais surtout notamment des élites, les rois et les empereurs en tête qui ont pris le risque de ce type de conflit et qui s’y sont irrévocablement discrédités.

  • La sortie de guerre

Le sentiment majoritaire qui se diffuse après la guerre est celui du pacifisme, les populations veulent sortir de la guerre et seuls les plus extrémistes, les plus radicaux ont la nostalgie de la guerre. Pour la majorité, commémorer la guerre et ses morts, ce n’est pas chercher la revanche mais se souvenir de « la der des der » afin de ne pas retomber dans son piège. Ce sentiment sera très majoritaire après la Guerre, les anciens combattants en portent un souvenir très vif et très prégnant et il va organiser tout le champ politique.

Dans les opinions publiques, cet héritage se combine de manière très diverse depuis l’internationalisme communiste (« Seule la révolution mondiale peut détruire les gouvernements capitalistes fauteurs de guerre ») jusqu’à la droite. Seuls les mouvements fascistes expriment une nostalgie de la guerre (l’esprit combattant de sacrifice pour la nation doit perdurer pour remettre en ordre la société).

Dans les relations entre Etats avec le système de « sécurité collective ». Les Etats renoncent à la « diplomatie secrète » et s’engagent officiellement les uns envers les autres pour garantir la paix grâce à :

- la reconnaissance de règles de droit international comme « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » qui vise à interdire l’impérialisme agressif et les guerres de conquêtes. Le Traité de Versailles (1919) et les autres traités qui réorganisent les frontières de l’Europe, n’en seront qu’une application très imparfaite et alimenteront cependant un désir de revanche chez les nationalistes allemands qui les qualifient de « Diktat ».

- des traités qui visent à empêcher la guerre ou à la réguler tout au moins (interdiction des gaz, conventions sur les prisonniers, formulation d’un droit de la guerre pour préserver les civils).

- La mise en œuvre d’un système où toutes les nations apportent leurs garanties publiques dans le règlement des contentieux diplomatiques. Ce système prend forme avec la Société Des Nations : celle-ci permet de réelles avancées mais sa capacité d’action est insuffisante pour relever les défis des années 30 (reprise de politiques expansionnistes, remilitarisation des Etats, isolationnisme américain, sortie du Japon, de l’Allemagne…).

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